Le Vietnam à moto : une aventure entre liberté, poussière et panoramas vertigineux
Il y a des pays qui se dévoilent mieux en prenant le temps, en sortant des sentiers battus et en embrassant un brin d’inconfort. Le Vietnam est de ceux-là. Loin des circuits classiques et des horaires figés, enfourcher une moto pour sillonner les routes vallonnées du Nord, longer les rizières du delta du Mékong ou encore serpenter le col de Hai Van, c’est embrasser une forme de liberté brute, un vent chaud sur le visage et le cœur léger.
Dans cet article, je vous confie mes meilleurs conseils pour louer une moto au Vietnam, vous oriente sur les itinéraires à ne pas manquer, et vous donne toutes les clés pour transformer ce voyage en une expérience inoubliable. Voyager ne se résume pas à cocher des lieux sur une carte. Parfois, il suffit d’un moteur qui vrombit et d’une envie d’horizon pour que tout commence.
Pourquoi choisir la moto pour explorer le Vietnam ?
Le deux-roues est, au Vietnam, bien plus qu’un moyen de transport : c’est une pulsation, un art de vivre. Des ruelles d’Hanoï aux routes poussiéreuses du plateau des Bolovens, la moto vous permet d’aller là où les bus ne s’arrêtent jamais et où les touristes n’ont pas souvent l’idée de poser les pieds.
Cela signifie aussi :
- Une flexibilité totale sur votre itinéraire : vous voyagez à votre rythme, selon vos envies et la météo.
- Des rencontres plus spontanées avec les habitants.
On s’arrête, on partage un café glacé, on échange quelques mots… et souvent bien plus. - L’accès à des paysages reculés, du Haut Tonkin au parc national de Phong Nha-Kẻ Bàng, en passant par les routes côtières de Hué à Hoi An.
Alors, oui, il y a de la poussière, des klaxons à foison, et parfois de longues heures sur des routes cabossées. Mais il y a surtout cette sensation précieuse : celle de faire corps avec les paysages, d’être acteur de son voyage, et non simple spectateur derrière une vitre embuée.
Quelle moto choisir pour votre road trip ?
Tout dépend de votre parcours et de votre niveau d’expérience. En ville, les scooters automatiques sont les rois — simples à conduire et parfaits pour les novices. Mais dès que vous envisagez les cols montagneux et routes de campagne, mieux vaut opter pour une moto semi-automatique (comme la Honda Wave) ou manuelle (Honda XR par exemple).
Voici quelques options fréquemment louées :
- Honda Win 110cc ou 125cc : Moto mythique chez les backpackers. Légère, maniable, facile à réparer, mais pas la plus confortable sur longue distance.
- Honda Wave : Semi-automatique. Résistante, hyper fiable. Idéale pour les débutants souhaitant sortir de la ville.
- Honda XR150 : Si vous prévoyez des routes montagneuses ou de longues distances, c’est le choix de la robustesse.
Sachez que la majorité des motos disponibles à la location sont d’occasion. Un rapide contrôle chez un garagiste local peut être une bonne idée avant de partir pour plusieurs centaines de kilomètres.
Où louer sa moto et à quel prix ?
Dans les grandes villes comme Hanoï, Hô Chi Minh Ville ou Da Nang, les agences de location abondent. Certaines sont spécialisées dans le road trip longue durée, avec service de relais ou d’expédition de la moto à votre point de départ.
Quelques agences de confiance incluent :
- Tigit Motorbikes (présent à Hô Chi Minh, Hanoï et Da Nang)
- Style Motorbikes (Hanoï et d’autres villes stratégiques)
- RentABike Vietnam (pour les séjours longue durée)
Les tarifs varient entre 5 € et 25 € par jour selon le modèle. La plupart demandent un dépôt de garantie (parfois un passeport, parfois une caution en espèces). Un conseil : optez toujours pour une moto bien entretenue, même si elle est un brin plus chère. Votre sécurité vaut plus qu’une poignée de dongs économisés.
Le permis : légalement, que faut-il ?
La question du permis est un peu floue au Vietnam. Techniquement :
- Un permis de conduire français n’est pas suffisant à lui seul.
- Il vous faut un permis international avec la catégorie A, reconnue par le Vietnam.
- Ou encore mieux : échanger votre permis contre un permis vietnamien temporaire (possible pour les longs séjours avec visa de plusieurs mois).
Que se passe-t-il si vous roulez sans permis conforme ? En cas d’accident, vous pourriez ne pas être couvert par votre assurance. De nombreuses compagnies disposent d’une clause d’exclusion en cas de non-conformité légale… Il vaut donc mieux anticiper et rouler réglo, même si « tout le monde le fait ».
Itinéraires coups de cœur à travers le pays
Le Vietnam se prête à tous les styles de voyage à moto : errance contemplative ou véritable défi sportif. Voici quelques routes coups de cœur :
- La boucle de Ha Giang (Nord) : Sûrement le plus spectaculaire. Montagnes karstiques, villages Hmong, cols vertigineux. À condition d’avoir un peu d’expérience sur deux roues.
- La route côtière de Hué à Hoi An via le col de Hai Van : Une portion de rêve entre mer et montagne. Très accessible pour les débutants.
- Hoi An – Dalat – Mui Ne : L’itinéraire des contrastes. Plages, plateaux, dunes rouges et caféiers à perte de vue.
- Le delta du Mékong : Un rythme plus lent, parfait pour flâner entre marchés flottants, rizières et villages lacustres.
Une anecdote ? En longeant les routes sinueuses de Ha Giang, un vieil homme m’a invitée à partager un bol de cơm lam (riz gluant cuit dans un bambou). Sans langue commune, nous avons échangé des sourires, du thé, et un brin de chaleur humaine que seules ces escapades rendent possibles.
Équipements indispensables pour rouler en sécurité
Oui, le casque fourni par votre agence aura souvent l’allure d’un couvercle de casserole. Investir ou louer un casque de qualité n’est pas un luxe : c’est votre bouclier sur ces routes imprévisibles.
D’autres essentiels à ne pas oublier :
- Gants et lunettes de soleil : contre la poussière et le soleil qui cogne fort, surtout dans le Sud.
- K-way léger ou coupe-vent : les averses sont aussi abruptes qu’imprévisibles (surtout pendant la mousson).
- Crème solaire et foulard : pour éviter coups de soleil et gaz d’échappement dans les villes.
- Google Maps en version hors connexion ou Maps.me pour ne jamais vous perdre (ou du moins toujours savoir où vous êtes… avant de vous perdre à nouveau).
Et bien sûr, un esprit ouvert. Car si la route se montre parfois capricieuse, elle sait aussi vous offrir ses plus beaux trésors quand vous ne vous y attendez pas.
Petits conseils pratiques pour un grand voyage
- Apprenez quelques mots de vietnamien : “Merci” (Cảm ơn), “Où ?” (Ở đâu ?), et surtout “Un café glacé” (Cà phê đá) – le carburant officiel du motard vietnamien.
- Gardez toujours de l’eau et une trousse de premiers secours : la chaleur peut frapper fort, surtout dans le Sud.
- Ayez toujours un peu de cash : les stations-service en rase campagne n’acceptent pas la carte, et les distributeurs sont rares dans certaines régions.
- Faites des pauses toutes les deux heures : pour vous dégourdir les jambes, faire le plein… ou simplement admirer le paysage.
- Anticipez la météo : dans le Nord, l’hiver peut être brumeux et froid, tandis qu’au centre, les pluies peuvent inonder les routes en octobre.
Explorer le Vietnam par la route : une école de patience… et de poésie
Sur deux roues, le Vietnam ne se donne pas instantanément. Il se dévoile doucement : dans le grondement des tracteurs à l’aube, le silence du crépuscule sur les rizières, ou le parfum du phở qui s’échappe d’une gargote de bord de route.
Certes, il y aura des moments de doute : une crevaison à 20 km de la ville la plus proche, un GPS capricieux, une pluie tropicale à l’heure du déjeuner. Mais quelque chose en vous, à mesure que les kilomètres défilent, se remet doucement en mouvement.
Ce mode de voyage n’est pas fait pour tous. Mais pour ceux qui osent l’aventure, il offre une immersion totale, une intensité rare, et souvent, une redécouverte de soi. Car au final, ce n’est pas seulement le Vietnam que vous explorez, mais une nouvelle façon d’habiter le monde, casque vissé sur la tête et l’âme offerte au voyage.