Un écrin de beauté loin du monde
Parmi les joyaux que l’archipel des Seychelles garde précieusement, il en est un qui, à lui seul, résume la grâce insulaire : Anse Georgette. Située sur l’île de Praslin, cette plage confidentielle échappe aux foules, se cache des regards et se mérite. Mais croyez-moi, les pas dans le sable y sont plus doux, peut-être parce qu’ils sont rares. À l’ombre des takamakas et bercés par le murmure de l’océan Indien, les instants vécus ici ont un goût d’éternité.
Un accès qui en dit long sur son exclusivité
Première surprise pour qui souhaite rejoindre Anse Georgette : elle n’est accessible qu’en traversant le domaine du somptueux hôtel Constance Lemuria. Pour préserver la quiétude des lieux (et leur beauté originelle), seuls les visiteurs résidant à l’hôtel ou ceux ayant réservé à l’avance via celui-ci peuvent s’y rendre. Le nombre de visiteurs extérieurs est donc limité chaque jour, renforçant cette impression de plage secrète découverte par hasard.
Si vous souhaitez la visiter sans séjourner au Lemuria, n’oubliez pas de :
- Réserver votre accès par téléphone ou e-mail quelques jours à l’avance
- Prévoir votre carte d’identité à l’entrée de l’hôtel pour le contrôle
- Marcher environ 20 à 30 minutes à travers le parcours de golf luxuriant et vallonné avant d’atteindre la plage
Et cette marche se transforme rapidement en une parenthèse enchantée : des collines ondoyantes, des palmiers géants, et parfois même, le bond d’un gecko émeraude sur une feuille de vacoa.
Anse Georgette : la beauté à l’état brut
Dès que le manteau de végétation s’écarte, elle apparaît. Étincelante, immaculée, presque irréelle. Anse Georgette, c’est une plage en croissant parfait, ourlée de sable doré et bordée de rochers granitiques, ces statues de pierre typiques des Seychelles. Ici, pas de transats, pas de bars, pas de parasols : la nature a tous les droits. Le seul abri, c’est l’ombre naturelle offerte par les arbres en lisière de forêt.
Ce qui frappe, au-delà de la beauté visuelle, c’est le silence. Rien ne vient troubler l’harmonie du lieu, si ce n’est le ressac de l’océan, parfois doux, parfois plus téméraire en saison des vents. L’eau affiche des teintes allant du turquoise clair à un bleu profond presque magnétique. Et lorsqu’on s’y plonge, c’est comme entrer dans un tableau vivant.
Quand s’y rendre pour en profiter pleinement ?
Comme pour chaque lieu aussi sacré par sa nature fragile, la meilleure période pour visiter Anse Georgette dépend de ce que vous recherchez.
- Entre avril et mai ou de octobre à novembre : les alizés sont calmes, les eaux limpides et parfaites pour la baignade ou le snorkeling.
- De juin à septembre : période plus venteuse avec des vagues plus présentes, idéales pour les amateurs de body surfing mais moins propice à la nage pour les débutants.
Personnellement, j’y suis allée à la mi-avril. Le ciel alternait entre bleu tendre et coton nuageux, la lumière adoucissait les teintes, et les grains de sable glissaient entre les doigts comme une étoffe fine que l’on aurait tissée juste pour vous. N’oubliez pas votre crème solaire naturelle, car même sous les nuages, le soleil ne plaisante pas.
Petite plage, grande puissance émotionnelle
Il y a quelques lieux au monde où le temps semble se contracter, où les heures n’ont plus réellement d’importance. Anse Georgette fait partie de ces endroits. Alors que je savourais un fruit de la passion juteux, assise à l’ombre d’un takamaka, un couple de tortues terrestres est apparu, nonchalant, traçant leur lent sillage dans le sable. Ces scènes imprévues, tendres et inattendues, sont la véritable essence du voyage.
Si vous aimez photographier, pensez à venir tôt le matin ou en fin d’après-midi : la lumière rasante épouse les reliefs des rochers et fait scintiller la mer comme un miroir brisé en mille diamants.
Ce que vous pouvez y faire (ou ne pas faire)
Anse Georgette n’est pas un parc d’attractions. C’est un sanctuaire naturel. Mais cela ne veut pas dire qu’on s’y ennuie. Bien au contraire, elle offre une multitude de micro-moments à s’offrir, loin de la frénésie du monde.
- Snorkeling : autour des rochers sur les côtés de la plage, plusieurs poissons tropicaux se laissent admirer. Emportez masque et tuba !
- Baignade : attention toutefois aux courants, surtout si la mer est un peu agitée.
- Lecture et méditation : rien de tel que de se plonger dans un roman à l’ombre, ou simplement, de se laisser bercer par les éléments.
- Observation des oiseaux : les rousserolles et les colombes malgaches forment une douce bande sonore naturelle.
N’y cherchez pas de commerce : prévoyez eau, encas et serviette. C’est la nature qui vous reçoit ici, pas une station balnéaire standardisée.
Petites astuces d’aventurière avertie
Au fil du temps, j’ai appris que même sur les plages paradisiaques, les détails pratiques font toute la différence. Voici donc quelques recommandations qui pourraient enrichir votre passage à Anse Georgette :
- Évitez les tongs pour la marche d’approche, le chemin est parfois pentu.
- Optez pour un sac à dos léger avec un pare-soleil ou foulard : les coins ombragés sont prisés et peu nombreux.
- Protégez votre appareil photo ou votre téléphone avec une pochette étanche. Une vague surprise et hop, adieu les souvenirs numériques !
- Respectez absolument la propreté du lieu. Aucun déchet ne doit rester sur place. Même les épluchures de fruit.
Une expérience à part entière
Partir pour Anse Georgette, c’est comme embarquer pour un poème. On quitte le rationnel, on s’abandonne à la beauté sans fard, à la nature souveraine. Il n’y a pas foule ici, et c’est tant mieux. Vous êtes seul(e) face à ce tableau mouvant de sable, de vagues et de vent doux. Et peut-être, au détour d’une pensée, vous sentirez cette connexion rare entre le voyage extérieur… et celui qui se trame en vous.
En repartant du sentier, les jambes encore chargées de sel et de sable, j’ai souri en silence. Combien de lieux aujourd’hui nous offrent ce silence ? Cette impression de premier matin du monde ?
Anse Georgette n’a rien d’un secret longuement gardé… mais elle reste l’un de ces rares endroits où le mot « préservé » prend encore tout son sens.