Un matin doux sur l’île : premiers pas à Palma de Majorque
Il est à peine neuf heures du matin et déjà, la lumière dorée caresse les façades ocre de Palma. Dans l’air encore frais, une senteur mêlée de sel marin et de figues mûres flotte doucement. Voici Palma de Majorque, capitale ensoleillée des Baléares, là où chaque ruelle semble raconter une histoire millénaire et où le sable semble toujours un peu trop chaud pour être vrai.
Palma est une ville-mosaïque, où chaque recoin offre une nuance différente – plages sauvages ou urbaines, vieilles pierres et marchés vivants, gastronomie savoureuse et traditions ancestrales. Que vous soyez lève-tôt amateur d’espresso corsé ou contemplatif du soir en quête de coucher de soleil, Palma de Majorque sait charmer sans forcer. Prenez mes pas comme guide, et venez découvrir cette perle méditerranéenne à travers ses plages enchanteresses, ses marchés colorés et ses monuments majestueux.
Les plages : entre criques secrètes et étendues de sable doré
L’eau est d’une clarté presque irréelle, le genre de transparence qui donne des envies subites de se jeter à l’eau, même sans maillot. Palma a beau être une ville, elle ne renie jamais son âme insulaire. Ses plages, accessibles en bus, à vélo ou en une ballade improvisée, sont un parfait prélude à une journée de découverte slow.
- Playa de Palma : Très fréquentée en été, elle reste agréable en basse saison. Idéale pour une promenade pieds nus au lever du soleil ou un mojito en fin de journée, les pieds dans le sable.
- Cala Mayor : Cette plage est plus intime, nichée entre deux murs rocheux. L’eau y est calme, turquoise, presque silencieuse. Un petit paradis pour une baignade matinale.
- Calo des Moro : Un peu plus éloignée, à environ une heure de route, mais quelle récompense ! Entourée de falaises et accessible par un petit sentier, cette crique offre un spectacle brut et sauvage.
Ce que j’aime particulièrement ? Observer les Majorquins lire un livre à l’ombre des parasols, les enfants enterrer leurs parents dans le sable, les couples flâner en silence — la plage ici est un théâtre vivant d’humanité, et toujours une invitation à ralentir.
Les marchés : immersion dans les saveurs et les couleurs locales
Chaque lieu a son odeur. À Palma, celle du marché est un mélange enivrant d’oranges fraîchement coupées, de jambon ibérique et d’anchois en saumure. C’est dans les marchés que le cœur de la ville bat le plus fort, au rythme des discussions animées et du crissement des balances.
- Mercat de l’Olivar : Situé en plein centre, ce marché couvert est un trésor pour les amateurs de produits frais. Essayez les dátiles farcis au fromage ou arrêtez-vous au stand de fruits de mer pour une dégustation d’huîtres tout juste ouvertes. Certains stands proposent même de cuire ce que vous achetez, à déguster sur place avec un petit verre de blanc local.
- Mercat de Santa Catalina : Plus bohème, ce marché attire les créatifs du coin. Fromages artisanaux, confitures insolites — on y goûte la Majorque contemporaine. L’ambiance est chaleureuse, un mélange de sourires, d’accent espagnol chantant et de notes de jazz des cafés alentours.
Je me souviens d’une vieille dame qui m’a offert une olive « pour goûter le soleil », disait-elle. Et c’est vrai : les saveurs ici sont franches, généreuses, marquées par l’histoire agricole de l’île et le soleil qui ne dort jamais vraiment.
Les monuments : un voyage dans le temps à ciel ouvert
Palma n’est pas seulement balnéaire. Elle éblouit aussi par ses trésors patrimoniaux qui racontent mille ans d’épopées culturelles — des Maures aux Catalans, en passant par l’influence austro-espagnole. Marcher dans la vieille ville, c’est comme tourner les pages d’un livre aux enluminures dorées.
- La Cathédrale de Palma — La Seu : Impossible de la manquer, elle surplombe la mer avec une grâce imposante. Gaudí y a laissé sa marque avec un baldaquin surréaliste suspendu dans les airs. Le meilleur moment pour la visiter ? À l’ouverture, quand la lumière perce à peine les vitraux et que l’édifice semble encore endormi.
- Le Palais de l’Almudaina : Juste à côté de la cathédrale, ce palais mélange des éléments gothiques et musulmans. Depuis sa terrasse, la vue sur le port et les collines lointaines est magique.
- Le Château de Bellver : Perché sur une colline, ce château rond — rare en Europe — offre un panorama circulaire sur tout Palma. Pour les amateurs de randonnée urbaine, vous pouvez y accéder à pied en une trentaine de minutes depuis le centre.
Au détour d’une rue, je suis tombée sur un patio andalou, envahi de plantes et silencieux comme un souvenir ancien. Palma a cette capacité unique à suspendre le temps. Même une simple porte en bois gravé peut devenir une œuvre d’art pour peu qu’on prenne le temps de la regarder.
Traditions et douceurs gastronomiques : une île à savourer
Parce qu’un voyage ne se vit jamais uniquement par les yeux, Majorque offre un voyage sensoriel. La cuisine locale est à la fois rustique et raffinée, faite de produits simples magnifiés par le terroir et la tradition.
Un incontournable ? La sobrassada, sorte de saucisse à tartiner légèrement épicée, que l’on accompagne volontiers d’un pain d’épeautre chaud. Lors de mes balades, j’ai aussi craqué pour des ensaimadas, ces pâtisseries en forme de spirale, sucrées et fondantes, que les Majorquins dégustent au petit-déjeuner avec un café noir serré.
Et puis il y a les fêtes. La nuit de Sant Joan en juin, par exemple, transforme les plages en une mer de feux et de danses. Des tambours résonnent, des bougies brillent dans le sable… et d’étranges créatures mythologiques défilent entre les flammèches. Un enchantement presque païen qui vous emporte bien au-delà des circuits touristiques traditionnels.
Balades apaisantes et coins secrets à ne pas manquer
Palma sait aussi être contemplative. Pour qui aime marcher à l’écart de l’agitation, de nombreux sentiers offrent des bulles de silence et de beauté pure.
- Le Parc de la Mar : Juste en contrebas de la cathédrale, ce parc est parfait pour une pause sous les palmiers avec vue sur les remparts. Les artistes de rue y donnent parfois vie à des moments suspendus.
- Le quartier de La Lonja : Perdons-nous dans ce quartier aux ruelles sinueuses, aux palais gothiques oubliés et aux patios ombragés. Par endroits, le clapotis d’une fontaine semble être la seule bande son.
- La route des moulins à vent : Dans la périphérie, ces silhouettes anciennes forment une carte postale vivante de la campagne majorquine, à explorer à vélo ou en voiture.
Quitter Palma, c’est un peu comme refermer un carnet dans lequel on aurait glissé des fleurs sauvages séchées : un mélange de soleil, de bonheur simple et de poésie brève. Cette ville n’est jamais la même selon l’heure où on la découvre. Mais toujours, elle accueille avec une douceur méditerranéenne rare, comme si elle vous murmurait à mi-voix « prends ton temps, tu es ici ».
Alors, que faire à Palma de Majorque ? Peut-être simplement vivre. Se laisser bercer. Ecouter les cloches sonner au loin, goûter à l’instant. Et puis revenir. Parce que certaines îles ne vous quittent jamais vraiment.


