Partir à l’assaut de la Thaïlande à moto : un souffle de liberté
Il est des voyages qui se vivent au rythme du vent sur le visage, des routes qui se courbent entre jungle et rizières, des klaxons amicaux et des sourires échangés à chaque carrefour. Parcourir la Thaïlande à moto, c’est s’offrir une immersion sensorielle totale, une rencontre intime avec un pays à la fois vibrant et tranquille, majestueux et accueillant.
Dans cet article, je vous emmène avec moi sur les routes thaïlandaises, celles qui sentent la poussière rouge après la pluie et le basilic sacré sur les étals, celles où l’on croise des moines en scooter et des éléphants paisibles à l’orée des forêts. Préparez votre casque, un bon carnet de notes, et surtout, votre curiosité. Voici mon itinéraire conseillé et tous mes conseils pour réussir votre road trip à moto en Thaïlande.
Pourquoi choisir la Thaïlande pour un road trip à moto ?
À la fois montagneuse au nord, tropicale au sud, parsemée d’îles, de forêts primaires et de routes sinueuses, la Thaïlande se prête merveilleusement bien à l’aventure en deux roues. Son réseau routier est relativement bon (surtout dans les régions touristiques), l’essence bon marché, et la population incroyablement chaleureuse.
La moto vous offre une liberté totale : vous vous arrêtez où bon vous semble, vous engagez dans des chemins moins fréquentés, vous goûtez une soupe dans un village isolé, ou contemplez un coucher de soleil depuis un sommet tranquille… Bref, vous êtes acteur de votre propre film.
L’itinéraire idéal : du Nord mystique au Sud tropical
Voici un itinéraire que je recommande, à adapter selon vos envies, votre temps et votre niveau en conduite moto. Sur environ 3 semaines, vous pouvez relier le Nord montagneux au Sud balnéaire, à votre rythme.
Chiang Mai – Le cœur du Nord
Commencez à Chiang Mai : ville à taille humaine, foisonnante de temples dorés et de cafés d’artisans, elle est aussi la porte d’entrée vers les paysages montagneux du nord. On y loue facilement des motos semi-automatiques ou manuelles – parfait pour débuter votre trip.
- À voir : Doi Suthep au lever du soleil, le Sunday Night Market, les temples cachés dans la vieille ville.
- Astuce : privilégiez une moto de 125cc minimum et faites toujours un check complet (freins, pneus, feux) avant de partir.
La boucle Mae Hong Son : 600 virages de pure magie
Direction l’ouest et la fameuse Mae Hong Son Loop : une boucle de 600 kilomètres qui serpente à travers forêts, vallées brumeuses et petits villages ethniques.
- Étape à Pai, village bohème où yoga, marchés bio et sourires se mêlent sous les lampions colorés.
- Continuez vers Mae Hong Son et Khun Yuam : paysages lunaires, hébergements familiaux et canyons au coucher du soleil.
Sensations fortes garanties sur les routes en épingle, mais aussi une plongée dans la culture de tribus montagnardes telles que les Karen ou les Lahu.
Descente vers le centre : Sukhothaï et Ayutthaya
Depuis Chiang Mai, prenez quelques jours pour filer vers le sud en faisant halte à Sukhothaï, ancienne capitale du royaume de Siam. Ses ruines majestueuses, où les bouddhas géants semblent veiller sur les lotus en fleur, se découvrent idéalement au lever du jour.
Puis cap sur Ayutthaya, autre joyau historique entouré de douves et parsemé de temples impressionnants. Une moto permet de naviguer aisément entre les sites archéologiques, souvent trop étendus pour se faire à pied.
La côte ou la route du Sud : direction les îles
Pour les plus aventureux, vous pouvez continuer la route vers le sud en remontant la côte est jusqu’à Surat Thani, puis accéder aux îles de Koh Samui, Koh Phangan ou encore Koh Tao. Si vous êtes pressé, une option mixte est possible avec transport de la moto en train de nuit jusqu’à Bangkok ou Chumphon.
Alternativement, explorer l’est du pays, moins touristique, peut réserver bien des surprises : plages désertes, temples énigmatiques et communautés de pêcheurs authentiques.
Conseils pratiques pour un road trip moto réussi
Louer sa moto en toute sécurité
- Privilégiez toujours les loueurs bien cotés, avec des avis vérifiés. À Chiang Mai, des enseignes comme Mr. Mechanic ou Pop Rent sont fiables.
- Vérifiez que le contrat inclut une assurance (au moins pour la moto). L’assurance santé personnelle est indispensable.
- Photographiez la moto sous tous ses angles avant de partir, surtout les parties endommagées.
Permis et légalité : ce que vous devez savoir
Le permis moto international est obligatoire (catégorie A1 ou A selon la cylindrée). De nombreux voyageurs négligent ce point, mais en cas d’accident, une assurance peut refuser de couvrir les frais si vous n’avez pas ce document… Prudence donc.
Équipement essentiel à emporter
- Un vrai casque (pas une simple demi-coquille bas de gamme, malheureusement encore trop répandue), avec visière.
- Des vêtements longs mais respirants : protection contre le soleil et les chutes.
- Des gants légers, une bonne crème solaire, des lunettes de soleil polarisées.
- Un sac étanche ou des housses de protection : les averses tropicales peuvent être soudaines et drues.
Apprendre la patience… et quelques mots de thaï
La route en Thaïlande, c’est aussi une école de patience : entre les buffles qui traversent à leur rythme, les chiens en sieste sur le bitume, et la conduite hasardeuse de certains scooters… Prenez-le comme un zen challenge. Souriez, respirez.
Et si vous apprenez quelques mots simples comme Sawadee Khap (bonjour), Kop Khun Khap (merci), les portes s’ouvrent doublement. Dites-les souvent, avec le sourire, et vous recevrez des trésors de bienveillance.
Moments inoubliables sur la route
Je me revois encore, arrêtée sur une crête surplombant la vallée de Mae Chaem, un petit café posé là comme un secret bien gardé, fumée de torréfaction dans l’air et chant des moines au loin. Ou encore ce repas improvisé dans une cabane en feuille de bananier, préparé par une grand-mère hilare qui m’a appris à prononcer « Pad Krapao » correctement entre deux bouchées pimentées.
Chaque détour sur cette route réserve de l’inattendu : un marché flottant égaré dans l’aube, une cascade cachée après 30 minutes de piste, ou un gamin hilare qui tente de te doubler avec sa petite moto rose fluo.
À qui s’adresse ce type de voyage ?
Ce road trip en moto n’est pas pour tout le monde. Il faut aimer se salir un peu, suer, parfois s’égarer, mais aussi s’émerveiller d’un rien. C’est un voyage lent, fait d’imprévus, d’embranchements spontanés, de rencontres sincères.
Pas besoin d’être un pilote chevronné – mais un peu d’expérience en deux-roues vous aidera. Ce qu’il faut surtout, c’est un esprit ouvert et un cœur prêt à battre au rythme d’un pays qui vit dehors, qui rit fort, qui vous bouleverse souvent.
Le mot de la fin, ou presque
La Thaïlande à moto ne se raconte pas, elle se respire, se vit au détour d’un virage, d’un plat goûté sur le pouce, d’un échange lumineux dans un regard. Elle vous accompagne longtemps après, comme un parfum qu’on retrouve sur une écharpe oubliée.
Alors si, un jour, entre deux idées de vacances ou un besoin d’évasion douce, vous entendez l’appel du moteur et du riz qui pousse au vent… ne résistez pas. La voie est libre.